Travail.Suisse s'oppose à la réduction des prestations pour les plus vulnérables

La Commission de la sécurité sociale et de la santé publique du Conseil national (CSSS-N) propose, avec ses décisions concernant la révision des rentes de veuve et la suppression des rentes pour enfants, une réduction significative des prestations au détriment des plus vulnérables. Cette mesure touchera en premier lieu les familles : les femmes qui se sont occupées de leurs enfants et les parents âgé·e·s avec leurs enfants – et, de manière générale, les personnes qui ont perdu leur conjoint. Travail.Suisse, l'organisation faîtière indépendante des travailleuses et travailleurs, rejette catégoriquement cette démarche.
La CSSS-N a décidé aujourd'hui de soumettre au Conseil national un projet de réduction des prestations pour les rentes de veuve. Selon la décision de la commission, une rente de veuve ou de veuf ne sera désormais versée que si, au moment du veuvage, il y a des enfants de moins de 25 ans. Les rentes de veuve et de veuf prendront donc fin dès que le plus jeune enfant aura atteint l'âge de 25 ans ou que la personne concernée aura atteint l'âge de la retraite. Les rentes de veuve seront donc considérablement réduites, ce qui soulève la question de savoir si le mandat constitutionnel visant à couvrir les risques économiques liés au veuvage est encore rempli.
En outre, la CSSS-N a décidé de supprimer le supplément de veuvage sur les rentes de vieillesse AVS. Ce supplément garantit aujourd'hui aux veufs et veuves une rente AVS décente, même s'ils ne peuvent prétendre à la rente de vieillesse maximale de l'AVS, par exemple parce qu'ils ont assuré la garde de leurs enfants. La suppression du supplément de veuvage touche précisément les personnes qui ont eu de faibles revenus au cours de leur vie active et qui ne peuvent pas non plus espérer une pension importante. « Ce projet prend délibérément le risque de livrer les veuves et les veufs à la pauvreté des personnes âgées », déclare Edith Siegenthaler, responsable de la politique sociale chez Travail.Suisse.
En outre, la commission propose la suppression des rentes pour enfants. Dans l'AVS, les rentes pour enfants sont actuellement versées aux familles dont les parents ont atteint l'âge de la retraite et dont les enfants sont en formation. Elles aident ainsi les familles, à l'instar des allocations pour enfants et des allocations de formation versées par l'employeur aux personnes actives. Comme les revenus diminuent généralement à la retraite, les rentes pour enfants constituent une aide importante pour les familles et contribuent à prévenir la pauvreté des familles et des enfants.
Une réduction des prestations au détriment des plus vulnérables
La commission propose au Conseil national de présenter ces réductions, conjointement avec la suppression du plafond des rentes AVS pour les couples mariés, comme une contre-projet indirect à l’initiative populaire « Oui à des rentes AVS équitables ». Si Travail.Suisse salue en principe la suppression du plafond des rentes AVS pour les couples mariés, elle ne peut toutefois soutenir ces coupes de prestation qui pénalisent les familles, les femmes et les personnes à faibles revenus.
Car les conséquences de ces décisions sont graves. Les familles, les femmes et les personnes à faibles et moyens revenus perdent, au décès de leur conjoint ou de leur épouse, ainsi qu'à un âge avancé, des prestations essentielles dont elles dépendent. La réduction des rentes de veuve et du supplément de veuvage ainsi que la suppression des rentes pour enfants touchent précisément ceux qui sont le plus sous pression financière. À cela s'ajoute le fait que les couples mariés disposant de très faibles revenus et dont les rentes sont inférieures au plafond actuel pour les couples mariés ne bénéficient pas du tout de la suppression du plafond. En clair, cela signifie que ce sont les revenus les plus bas et les personnes les plus vulnérables qui font l'objet de coupes dans les prestations, sans qu'ils puissent espérer davantage de prestations par rapport aux personnes plus aisées financièrement.
Travail.Suisse appelle donc instamment le Conseil national à faire barrage à cette réduction des prestations. L'AVS est la plus importante assurance sociale de Suisse. Elle ne doit pas être vidée de sa substance, surtout pas au détriment des familles et des personnes à faible revenu.