Le « modèle suisse » du temps partiel doit être modernisé – il faut améliorer les conditions et éliminer les inconvénients

Communiqué de presse
Aujourd'hui, Travail.Suisse a présenté une analyse complète du travail à temps partiel en Suisse, en collaboration avec ses associations membres. Le travail à temps partiel est très répandu en Suisse et reste largement pratiqué par les femmes. L'analyse montre que le modèle est souhaité et souhaitable, mais qu’il nécessite des aménagements afin d’en minimiser les conséquences négatives possibles. L'association faîtière a présenté 19 exigences pour moderniser le « modèle suisse » du travail à temps partiel et a également déconstruit certains préjugés et ignorances sur le sujet.
Le travail à temps partiel est une particularité de l’économie suisse puisque 37% des travailleurs et travailleuses le pratiquent. Traditionnellement répandu chez les travailleuses, il augmente fortement, en particulier chez les hommes. Forte de son analyse détaillée de la situation avec les derniers chiffres disponibles, Travail.Suisse déconstruit certaines idées reçues sur le travail à temps partiel.
Le travail à temps partiel répond aux besoins de nombreux travailleurs et travailleuses et permet une meilleure conciliation entre vie professionnelle, vie familiale, formation et vie privée. Il présente cependant des inconvénients, comme une protection sociale moindre, des perspectives de carrière limitées, moins de formation et des retraites plus faibles. Adrian Wüthrich, président de Travail.Suisse, résume la situation ainsi : « Le travail à temps partiel ne doit plus être un obstacle à la carrière ou un risque de pauvreté, mais une véritable alternative viable au travail à temps plein. Travail.Suisse demande donc une amélioration des bases légales afin de mieux concilier vie professionnelle et vie privée, de protéger la santé des travailleurs et d'adapter le système de retraite. »
Revaloriser les bas salaires et jours de congé fixes
Travail.Suisse propose dix-neuf mesures. Il s’agit d’abord d’améliorer les conditions du travail à temps partiel, de revaloriser les salaires de certaines branches et d’accorder une valeur indirecte au travail reproductif non rémunéré. Certaines mesures phares sont défendues par les principales fédérations membres de Travail.Suisse.
Yvonne Feri, présidente de Syna, défend le principe de la revalorisation des bas salaires pour les postes dans les branches majoritairement occupés par les femmes. Pour elle : « Le travail à temps partiel ne doit pas être synonyme de précarité, ni une obligation, mais un choix librement consenti. Nous devons garantir des salaires dignes qui garantissent des rentes dignes. ».
Valérie Borioli Sandoz, responsable de la politique de l’égalité et de la conciliation chez Travail.Suisse, souligne également dans ce contexte la nécessité de lutter contre la discrimination salariale et demande une nouvelle révision de la loi sur l'égalité LEg. « La dernière révision de la LEg a été bâclée par le Parlement, qui n’a pas voulu ni d’un suivi, ni de contrôles, ni de sanctions, et encore moins d’obligation pour l’employeur de corriger la situation. ».
Pour Greta Gysin, présidente de transfair, les entreprises doivent accorder des jours de congé fixes pour le personnel à temps partiel. Selon elle : « Cette mesure permet aux personnes de planifier leurs divers engagements, ce qui est indispensable lorsque l’on dépend d’une crèche ou d’une garderie. De plus, cette mesure protège contre le morcellement des journées de travail et permet un véritable repos ainsi qu’une vie sociale saine. »
Adaptation du temps de travail hebdomadaire maximal au pro rata et réduction du temps de travail
Secrétaire du syndicat OCST et vice-président de Travail.Suisse, le conseiller national tessinois Giorgio Fonio, revendique de fixer de la durée maximale de travail hebdomadaire proportionnellement au taux d'activité et de calculer les heures supplémentaires au pro rata de l’engagement réel des personnes. Il critique : « Les dispositions de la loi sur le travail datent d'une époque où le travail à temps plein était la norme. Il est donc impératif de mettre en place des dispositions qui tiennent compte des particularités du travail à temps partiel, par exemple en ce qui concerne le temps de travail hebdomadaire maximal ou le calcul des heures supplémentaires. ».
Président des SCIV, Marcel Bayard souhaite une réduction du temps de travail pour toutes et tous. Selon lui : « Le temps de travail contractuel n’a pas diminué les dernières années en Suisse, malgré une productivité à la hausse. La semaine de 4 jours, avec réduction correspondante de l’horaire hebdomadaire, permet de travailler mieux, de vivre mieux et de protéger notre santé. ». Il donne l’exemple d’une convention collective de travail négociée en Valais qui démontre que la revendication est parfaitement applicable, sans perte de salaire.
Eradiquer la discrimination salariale
Enfin, responsable de la politique de l’égalité et de la conciliation chez Travail.Suisse, Valérie Borioli Sandoz défend une nouvelle révision de la loi sur l’égalité LEg pour que l’on se dote d’outils efficaces afin d’éradiquer la discrimination salariale. Selon elle : « La dernière révision de la LEg a été bâclée par le Parlement, qui n’a pas voulu ni d’un suivi, ni de contrôles, ni de sanctions, et encore moins d’obligation pour l’employeur de corriger la situation. ». Elle a annoncé une action le 30 juin prochain d’une large Coalition contre la discrimination salariale, à 10h30 sur la place de la gare à Berne, pour commémorer le triste 5ème anniversaire de l’obligation d’analyse des salaires par les grandes entreprises et qui a été peu respectée.
C’est grâce aux différentes mesures proposées que l’économie préservera sa compétitivité, avec des travailleurs et des travailleuses libres de leur choix, qui restent en bonne santé et ne sont pas empêchés de créer ou d’agrandir leur famille.