Le Sommet national de la formation professionnelle 2025 a permis aux partenaires de valider un ensemble de mesures découlant du rapport Attrait de la formation professionnelle. Travail.Suisse salue ces décisions, qui témoignent d’une volonté partagée de moderniser le système et de garantir son attractivité à long terme.
Le 20 novembre dernier, les partenaires de la formation professionnelle se sont retrouvés autour de la grande table du Bernerhof, entourés du Conseiller fédéral Guy Parmelin. Au menu : les mesures proposées pour mettre en application le projet Attrait de la formation professionnelle, qui fut l'objet d'une importante consultation au début de l'été. Les mesures adoptées lors du Sommet — soutien accru aux entreprises formatrices, révision de bases réglementaires, amélioration de la maturité professionnelle, intégration de la numérisation et de l’IA, renforcement de l’orientation au secondaire I, renforcement de la formation professionnelle supérieure et mise en place d’un groupe d’experts dédié à l’analyse de questions fondamentales — indiquent une volonté commune d’aller de l’avant. Les partenaires ont réaffirmé la nécessité d’un système capable de répondre aux évolutions sociales, aux attentes croissantes des jeunes et de leurs familles, ainsi qu’à la demande en personnel qualifié.
Le partenariat tripartite, un modèle de réussite
Pour comprendre le sens et la portée d’un tel Sommet national, il vaut la peine de rappeler brièvement comment fonctionne la gouvernance de la formation professionnelle. La Confédération établit le cadre légal, les cantons assurent la surveillance et financent le dispositif, tandis que les associations professionnelles participent directement à la formation en entreprise et définissent les contenus de formation. Mais il reste les partenaires sociaux représentants les employé·e·s, tels que Travail.Suisse et l’USS. Notre rôle ? Défendre les intérêts des travailleuses et travailleurs, dont la majorité sont passés par la formation professionnelle. Mais n'oublions pas les enseignant·e·s des écoles professionnelles, les conseillers en orientation, et bien sûr les apprentis eux-mêmes et leurs parents ! Pour ces derniers, le système de la formation professionnelle doit être solide et de qualité – sinon, il devient une voie de second choix.
Travail.Suisse est convaincue du pouvoir du partenariat tripartite, un partenariat qu'il faut soigner et estimer comme une chance unique par rapport à d'autres systèmes étrangers. Dans le cadre des mesures d'économie (EP27) qui visent également la formation professionnelle, seul un partenariat fort défendra des positions fortes. Bien qu'il y ait parfois des divergences au sein de ce partenariat (la culture générale, le degré de spécialisation des formations ou le nombre de vacances), il convient de garder à l'esprit ce qui fait l'unanimité, et ce sur quoi il faut capitaliser : le cadre unique offert par un apprentissage en entreprise. Une arme contre un futur incertain, la maîtrise d'un métier qui est valorisée dans tout parcours, des compétences transversales ancrées par la pratique, la fierté d'avoir pu, entre 15-20 ans, acquérir les codes du travail, la possibilité d'évoluer.
Affronter les défis, saisir les opportunités
Comme discuté lors du Sommet national, la formation professionnelle fait face à des vents contraires : la baisse du nombre d'entreprises formatrices, l’introduction des PiBS (Praxisintegrierte Bachelorstudiengänge) diront certains acteurs, la tertiarisation des diplômes (selon l’OFS, la proportion de personnes de 25-64 ans titulaires d’un diplôme du degré tertiaire passera de 44% en 2019 à 55% dès 2040), l'influence de l’intelligence artificielle. Les partenaires ont également exprimé de préoccupations concernant l’augmentation de l’âge d’entrée en apprentissage, la multiplication des offres intermédiaires, la surcharge ressentie par certains jeunes, et la complexité administrative qui entrave la mobilité et l’accès aux places d’apprentissage. Mais les opportunités qu’offre la formation professionnelle sont bien là : le lien étroit avec les besoins du marché du travail demeure, qui rend le chômage des jeunes quasiment inexistant, mais aussi et justement l’essor de l'intelligence artificielle, qui rend à certains secteurs (dont l'artisanat) leur juste valeur.
Inclusion, qualité et vision d’avenir
Travail.Suisse se réjouit de participer, au sein de la Conférence tripartite de la formation professionnelle (CTFP), à définir ce qui sera la formation professionnelle de demain. Nous aurons l'œil notamment sur : la formation des formateurs en entreprise (une motion déposée par la Conseillère nationale Simona Brizzi et cosignataires a été récemment transmise au Conseil national), l'orientation professionnelle, la vue d'ensemble sur le système et les synergies à développer, l'égalité des chances, les conditions-cadres favorables, la prise en compte des réalités de vie de la nouvelle génération. La certification professionnelle pour adultes demeure également un levier central pour sécuriser les parcours et lutter contre le fait que plus de 600’000 personnes en Suisse restent sans diplôme du secondaire II. Notre rôle, c'est d'assurer à chacun l'accès à la formation professionnelle et sa réussite – qu'il provienne d'un milieu socio-économique désavantagé, d'un contexte migratoire, qu'il soit adulte sans formation post-obligatoire, qu'il ait un handicap physique ou soit fragilisé dans sa santé mentale. Les conditions mises en place doivent refléter une position de soutien et une ouverture face à la diversité.
Si nous pouvions regarder dans une boule de cristal, voici ce que nous souhaiterions pour le futur. Premièrement, que la formation professionnelle soit choisie par conviction, peu importe le profil, et non par manque d'alternatives. Car un projet de formation professionnelle réfléchi (avec ou sans maturité professionnelle, avec ou sans expérience de mobilité, avec ou sans formation professionnelle supérieure subséquente) constitue toujours une voix porteuse. Deuxièmement, que chaque personne diplômée de la formation professionnelle dise avoir reçu une formation de qualité (en école, en entreprise, en CIE). Ces principes guideront nos actions ces prochains mois.